Le Suprême Conseil du REAA : toujours sans voix ou sans voie.
A croire qu’ils craignent vraiment un châtiment terrible nos 33èmes : ils ne disent rien. Et pour mieux tenir leur position, ils se drapent dans leur orgueil en affirmant qu’ils ne diront rien parce que le Suprême Conseil n’a rien à dire, se situant au dessus de ces viles chamailleries. C’est noble, beau et triste comme le théâtre de Racine, ou presque. Un 33ème, paraît-il, ça ne parle pas avec la valetaille et ça n’a pas à se justifier.
Ne vous moquez pas, ces gars là sont réellement bien coincés et quand ils disent qu’ils n’ont rien à dire, il faut le prendre au "premier degré", à savoir qu’ils n’ont plus la possibilité de dire quoi que ce soit à supposer qu’ils veuillent encore le faire et en aient vraiment le courage.
Pour faire vite, disons que le Suprême Conseil pour la France est à la GLNF ce que le Suprême Conseil de France est à la GLDF, c'est-à-dire une juridiction qui gère le REAA lequel comprend 33 degrés. Il existe bien sûr d’autres Suprêmes Conseils du REAA mais nous ne nous lancerons pas dans un développement qui nous entraînerait trop loin. Contentons-nous pour le moment de ces deux là. La différence d’intitulés est subtile direz-vous. C’est normal, ils sont tous deux issus d’un même Suprême Conseil qui s’est partagé en deux jadis à la suite de querelles, de pouvoir en particulier. Oui, oui les schismes ne datent pas d’aujourd’hui chez les francs-maçons ; je dirais même que c’est une sorte de tradition.
Une chose à savoir : la GLDF pratique uniquement le REAA (à de rares exceptions près) donc : une obédience - fédération de loges, un rite et une juridiction du rite. C’est excellent pour la paix dans les LL J’ajouterai, mais n’y voyez pas de parti pris, qu’un seul rite est plus que suffisant à satisfaire la quête initiatique du maçon sa vie durant. Le REAA d’ailleurs est d’une richesse insondable, d’où l’engouement qu’il suscite.
A noter que nos FF de la GLDF, et du SC de France, sont des FMM réguliers. Oui, oui, je dis réguliers, car ils sont soumis à "la Règle" et ce ne sont pas les seuls en France, mais ils ne sont pas reconnus comme réguliers par la GLUA, (je pense qu’ils s’en fichent et ont bien raison). C’est toute la subtilité entre "régularité" et "reconnaissance de la régularité".
La GLNF seule obédience française régulière - reconnue par la GLUA joue sur la méconnaissance de ce principe pour faire un raccourci coupable : elle se dit seule obédience régulière. Cette façon d’occulter une partie de l’information s’appelle en langage courant de la désinformation.
Et que fait le Suprême Conseil pour la France (celui de la GLNF) ? D’abord, il dit ne pouvoir accepter dans ses ateliers que des FF d’une obédience régulière. Ensuite il dit que les seuls maçons réguliers sont ceux de la GLNF ; sous entendu, parce qu’ils sont reconnus réguliers par la GLUA. En résumé la désinformation de la GLNF profite au SC pour la France.
Alors, c’est l’entente cordiale entre GLNF et SC pour la France ? Pas tant que ça.
Ça fait des années de cela, on entendait dire des choses du genre : « les 33 degrés du REAA relèvent de la juridiction du Suprême Conseil pour la France qui, dans sa grande mansuétude, a concédé l’usage des trois premiers degrés à la GLNF. Ce serait donc un prêt et la GLNF se trouverait bien embêtée si le SC reprenait ces 3 premiers degrés ! Alors si la GLNF se conduit mal, le SC reprend ses degrés et la GLNF est bien punie ! Oh oui alors !
Mais voyez comme cette GLNF a été mauvaise copine quand elle a freiné l’expansion du REAA et l’ouverture des LL à ce rite, en prônant la diversité des rites sous prétexte d’enrichir la quête initiatique des FF.
Il fut une époque où il n’était plus possible de créer un seul atelier du REAA dans les parages. Et puis c’est revenu …
Puis, au début de ce troisième millénaire, la GLNF s’est mise à refaire "ses" rituels du REAA, qui, paraît-il, n’étaient pas conformes à la lettre et à l’esprit des origines… Bizarre n’est-ce pas de la part de quelqu’un qui n’est pas propriétaire desdits rituels. Bizarre aussi que le Suprême Conseil n’ait pas pipé mot. Mais, a-t-on dit du côté de la GLNF, le Suprême Conseil a donné son autorisation.
A noter que pour se rapprocher des rituels des origines, le plus simple eut été de faire un nouvel emprunt à la GLDF à laquelle la GLNF avait "emprunté" le REAA par Suprêmes Conseils interposés. (Mais voyons, vous n’y pensez pas cher monsieur ! ).
Toujours est-il que la GLNF a bricolé toute seule "ses" rituels du REAA et que le Suprême Conseil pour la France n’a pas pipé mot. Et qui ne dit mot … consent.
Comment voulez-vous qu’il dise quelque chose, ce sont les mêmes cadres d’un côté et de l’autre : j’ai déjà cité Jean D. Député GM à la GLNF et 33ème au SC et Michel S. GMP ici et 33ème là. Ce ne sont que deux exemples locaux, il y sont légions dans le pays, sans parler des autres ambitieux de la GLNF qui sont aussi les ambitieux du SC. Alors du SC ou de la GLNF, qui tient l’autre ? Qui commande l’autre ? Réponse dans quelques lignes.
Donc la GLNF a remanié les rituels des 3 premiers degrés du REAA réputés, pour certains, appartenir au SC. Et après ?
Et bien après, pour qu’on sache bien qui en est l’heureux propriétaire, elle a tout bonnement apposé dessus son copyright ! (ici : rituel)
Qu’a dit le Suprême Conseil ? Rien.
Mais c’est bien gentil de se faire son rituel, encore faut-il le faire appliquer, l’enseigner dans les LL. Il était nécessaire de porter à domicile la bonne parole, la "vérité" du rite, celle de la GLNF. Qu’a fait la GLNF ? Tout simplement elle a créé une loge d’instruction du rite, la loge Hiram, avec des succursales dans les provinces, placées sous l’autorité directe du GMP.
Verrouillé le rituel, verrouillée l’instruction rituélique. Il suffit de mettre quelques FF au travail et de les payer avec quelques tabliers bleus ou compliments.
Eh bien direz-vous les ficelles sont grosses ! Oui, comme des câbles. Mais voyez-vous, on ne pêche pas le goujon, on pêche le requin
Aussi pourquoi s’arrêter là ? Osons ! D’ailleurs, c’est dans le rituel.
Alors, la GLNF a osé le décret n° 1115 du 1er décembre 2007 (ici : décret) signé du GM de la GLNF Jean Charles F, dans les derniers jours de son mandat (nettoyage avant remise des clefs). Ce décret, que l’on retrouvera dans les archives du secrétaire de toute L sérieuse et ordonnée dit ceci :
« Nous Jean-Charles F. Grand Maître de la GLNF ;
Vu l’article 1er du Règlement Général,
Vu les articles 3.1 et 3.2 Nous donnant pouvoir d’administration, de réglementation et de décision sur toutes les affaires concernant l’Ordre ;
Vu l’article 5 des Principes Internationaux de Reconnaissance des Grandes Loges promulgués en 1929 par la Grande Loge Unie d’Angleterre et agréés depuis lors comme règle universelle en la matière,
Vu les usages constants qui veulent qu’une Juridiction Maçonnique admettant des Francs-Maçons Réguliers ne peut exercer ses activités sur le territoire sans l’assentiment de la Grande Loge Régulière y ayant autorité,
Décrétons licites à compter de ce jour les liens unissant les membres de la GLNF au Suprême Conseil pour la France du Rite Écossais Ancien et Accepté, que nous reconnaissons bien volontiers en tant que juridiction maçonnique amie.
Agréons la pratique, par les membres de la GLNF, des degrés et grades gérés par Lui, tels que définis dans la déclaration qu’Il nous a adressée, et ce, sur le territoire français comme sur ses dépendances.
Disons enfin que le présent décret demeure abrogeable à tout moment et qu’il annule et remplace tout accord précédent, sous quelque forme que ce soit, qui aurait pu être passé entre la GLNF et le Suprême Conseil pour la France du rite Écossais Ancien et Accepté.
Notification (…) »
En bref : la GLNF autorise le Suprême Conseil du REAA à exister.
Monsieur le Très Puissant Souverain Grand Commandeur du REAA, au pied ! Et vous les 33èmes couchés !
Toujours dans le domaine des rituels du REAA, il est singulier de remarquer qu’après réfection de ces rituels de trois premiers degrés par la GLNF, le SC du REAA s’est mis à faire de même à partir du 4ème degré. Pourquoi ?
De plus, la GLNF a rajeuni ses cadres et voici que le Suprême Conseil se met aussi à le faire par un jeu de chaises musicales.
Bizarre … vous avez dit bizarre.
La raison de tout cela existe. Le tout est de la découvrir car tout le monde y va de son idée personnelle.
Pourtant on ne peut s’empêcher de penser que la GLNF se serait bien vue englober le Suprême Conseil du REAA. Ainsi elle aurait la maîtrise de la totalité des 33 degrés dans la continuité.
Alors, belle prise de pouvoir et beau chantier à mener. Certes mais ce n’est peut-être pas la priorité de la GLNF. La priorité, c’est peut-être, encore une fois, l’argent.
Un F qui atteint le 18ème degré cotise dans 3 ateliers : la loge GLNF, l’atelier du 4 au 14ème et l’atelier du 18ème. Le F 30ème cotise dans 4, … etc. Imaginez que ces cotisations tombent toutes dans l’escarcelle de la GLNF ! A cela s’ajoutent les droits de passage, les achats de décors …
La GLNF finirait par pouvoir s’acheter toute l’avenue de Wagram !
Mais tous ces rêves risquent de tourner court car la révolte monte.
Dans cette grande période d’incertitude, les FF écossais des ateliers de perfection du REAA se retournent avec crédulité vers le TPSGC qui dirige le Suprême Conseil. Mais celui-ci ne bouge pas un cil. Alors les FF vont chercher la solution eux-mêmes.
D’abord ils vont sortir de la GLNF pour adhérer à une organisation nouvelle. Alors après, quelle solution leur restera-t-il s’ils veulent continuer à pratiquer les degrés de REAA au-delà des trois premiers ? Demander à rester malgré tout au Suprême Conseil pour la France ? Il faudrait que ce dernier évolue dans ses principes … Demander au Suprême Conseil de la GLDF de les accepter ? Pourquoi pas, si la GLDF le veut et le peut. Ou rester chez soi en attendant des jours meilleurs.
Ce qui est sûr c’est que les écossais rebelles ne reculeront pas. S’il le faut, ils partiront à la fois de la GLNF et du Suprême Conseil.
Alors une question messieurs les fiers 33èmes : sans eux, comment ferez-vous tourner vos ateliers déjà fragiles ? Vous ne le pourrez pas.
Aussi souffrez qu’un modeste maçon vous dise ceci : soit vous accepterez de conserver les FF qui iront vers des obédiences régulières autres que la GLNF, soit vous perdrez des ateliers. Vous pouvez vous préparer à en fermer la moitié en Limousin-Périgord et ailleurs de même.
Que restera-t-il alors de votre Suprême Conseil ? Un beau souvenir.
Votre silence doit est propice à une meilleure réflexion.
Alors réfléchissez, réfléchissez bien et réfléchissez vite.
Si vous êtes encore capables de quelque chose, faites-le.
Zorbec Legras
4 mars 2010